Les élèves « décrocheurs » seront fichés

Chaque année, 150 000 élèves désertent leur établissement. Comme nous le révélons, ils feront à la rentrée l'objet d'un fichage.

Les élèves « décrocheurs » seront fichés

    Personne ne l'utilise encore, mais il fait déjà parler de lui. Après Base élèves (école primaire) et Sconet (secondaire), l'Education nationale s'apprête à officialiser la mise en place d'un nouveau fichier informatique à destination des collèges et lycées. Baptisé SDO?pour suivi de l'orientation ?, le programme vise à répertorier les élèves « décrocheurs », ces 150 000 jeunes qui, chaque année, quittent le système scolaire sans diplôme. Un logiciel en cours de déploiement dans l'ensemble des académies, après avoir été retoqué par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), qui s'était interrogée en février dernier sur la « nature et l'utilisation » des données collectées.

    La création d'un tel outil avait été annoncée en septembre dernier par Nicolas Sarkozy : lors d'un déplacement à Avignon, le président avait évoqué la mise en place d'un dispositif où les décrocheurs seraient « suivis, répertoriés, et où on leur proposera un emploi ». Accessible aux chefs d'établissement et au personnel éducatif, le logiciel permettra d'établir une « fiche » de l'élève dès les premiers signes de désintérêt pour l'école. « Le but est de prendre en charge les décrocheurs potentiels le plus tôt possible, et d'offrir des possibilités d'insertion professionnelle pour ceux qui ont déjà décroché », explique-t-on au ministère de l'Education nationale.

    Mais c'est moins le but recherché que le contenu du fichier qui pose problème. En plus des champs relatifs au parcours scolaire, SDO renseigne le motif du décrochage, et autorise les commentaires libres. Plus étonnant encore, selon le document de présentation établi par le ministère, les informations collectées sont qualifiées de « non confidentielles », pouvant donc être « communiquées à toute personne susceptible de prendre le relais pour suivi ». « Nous avons obtenu l'assurance que ces champs ne comporteraient aucune donnée sensible », justifie-t-on à la Cnil. « Tout ce qui est relatif au contexte social, familial, ou à la santé de l'élève, ne sera pas mentionné, confirme-t-on au ministère de l'Education. Les données seront conservées pendant deux ans, et ne pourront pas être transmises à d'autres administrations ».

    Après plusieurs échanges entre les deux institutions, la Cnil a finalement délivré le 24 mars le récépissé nécessaire au déploiement de SDO, ouvrant la voie à l'expérimentation, actuellement en cours, du fichier. « A partir du moment où il n'y a pas échange de données entre administrations, nous ne pouvions de toute façon pas nous y opposer », assure l'autorité indépendante. Tout en précisant que « rien n'interdit d'effectuer des contrôles a posteriori ».

    Thibault Raisse

    Article paru dans Le Parisien du Vendredi 16 Avril 2010

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