Assistant dentaire : un cursus de dix-huit mois en alternance

Zéro chômage. Voilà une statistique que beaucoup de filières aimeraient brandir fièrement et dont peut s’enorgueillir celle des assistants dentaires, cette profession consiste à épauler le chirurgien-dentiste.

En début de carrière, Emilie Smolarek avait préféré l’intérim pour se perfectionner en alternant entre la stomatologie, l’orthodontie et la prothésie.
En début de carrière, Emilie Smolarek avait préféré l’intérim pour se perfectionner en alternant entre la stomatologie, l’orthodontie et la prothésie.

    Zéro chômage. Voilà une statistique que beaucoup de filières aimeraient brandir fièrement et dont peut s’enorgueillir celle des assistants dentaires, cette profession qui consiste à épauler le chirurgien-dentiste

    en effectuant non seulement des tâches administratives, mais également en fournissant une aide opératoire, notamment pour tout ce qui a trait à l’hygiène et à la stérilisation.

    « Le métier est en pleine évolution et le besoin de cette aide est croissant à tous les niveaux : les exigences en matière d'hygiène augmentent et les cabinets doivent s'acquitter de beaucoup de formalités administratives qui n'existaient pas il y a vingt ans », note Isabelle Dutel, fondatrice de l'Académie d'art dentaire.

    Le plein-emploi s'expliquerait donc par le fait que les assistants dentaires, dont 85% sont des femmes, sont indispensables, même si l'on en recense seulement 22000 pour le double de praticiens selon l'Union fédérale des assistants dentaires (Ufad). Ainsi, on estime que l'absence d'assistant dentaire équivaut à diminuer la capacité d'accueil d'un cabinet de cinq patients par jour.

    Assistant dentaire : Un certificat de qualification de niveau quatre

    Il ne faut donc pas s'y méprendre, leur rôle est bien différent de celui d'une simple secrétaire : légalement, la fonction ne peut d'ailleurs s'exercer que si l'on possède les qualifications requises. « La formation dure dix-huit mois et s'effectue exclusivement par alternance. Elle débouche sur un certificat de qualification de niveau quatre. Pendant son cursus, la personne est payée 90% du smic, et même 100% si elle a plus de 26 ans », explique Jacqueline Fesneau, directrice de la Commission nationale de qualification des assistants en odontostomatologie (CNQAOS). Le seul critère pour y avoir accès est le BEPC, même si le niveau bac est recommandé compte tenu des responsabilités inhérentes à la mission.

    En outre, le parcours d'enseignement ne coûte rien au stagiaire, ni à l'employeur, car il est pris en charge dans les cotisations obligatoires auxquelles sont soumis les professionnels. « Conséquence, la nouvelle génération n'envisage pas de travailler de façon isolée et n'hésite pas à embaucher », souligne Hélène Mathieu, responsable administrative déléguée à l'assistanat dentaire pour le centre formation et santé, avant d'ajouter : « Néanmoins, le métier n'est pas encore bien identifié par le grand public et l'on constate un manque de candidats, notamment masculins. »

    « On manque de candidats, notamment masculins »

    Ce manque d'appétence peut s'expliquer par une rémunération relativement modeste, soit 1500 € brut une fois la formation validée, même s'il est toujours possible d'arrondir les fins de mois avec des heures supplémentaires. « Très peu d'assistants dentaires ne font que 35 heures car leur présence est requise selon les impératifs d'ouverture du cabinet. Or, les patients viennent généralement consulter tard, après le travail. Ce qui peut aussi se révéler être un obstacle lorsqu'on veut conjuguer vie professionnelle et vie familiale », reconnaît Hélène Mathieu.

    Afin de rendre le métier plus attractif, l'Ufad milite actuellement pour que l'assistanat dentaire dépende du ministère de la Santé et non du Travail, par la voix de sa présidente Dominique Munoz : « Lorsque nous serons au Code de la santé publique, nous serons reconnus comme profession paramédicale. Le texte devrait être étudié par le législateur d'ici à janvier. » Une issue favorable aurait notamment pour conséquence une revalorisation de la grille des salaires.

    TEMOIN

    « Depuis que je travaille en libéral, je peux fixer mes tarifs »

    Emilie SMOLAREK, 36 ans, Paris

    Bientôt dix-huit ans qu'Emilie Smolarek occupe le poste d'assistante dentaire et elle n'en a pas perdu l'enthousiasme des premiers jours pour autant. « Même après toutes ces années, je continue d'apprendre. Je suis loin d'avoir fait le tour de la question tant ce métier comporte de facettes », clame-t-elle. Cette absence de routine, c'est justement ce qui l'a poussée vers l'assistanat dentaire au moment de s'orienter professionnellement : « J'ai toujours voulu exercer dans le paramédical. La chirurgie dentaire m'attirait, notamment l'opportunité de travailler au bloc opératoire tout en ayant un contact direct avec le patient. Les journées ne se ressemblent jamais. A l'inverse, je trouvais le métier d'infirmière trop répétitif. »

    Originaire d'Annecy (Haute-Savoie), elle migre sur la capitale à l'issue de sa formation conformément à son plan de carrière. Elle choisit de développer son activité en agence d'intérim à partir de 2000, « afin de ne pas être cantonnée à un seul cabinet. J'aspirais plutôt à me perfectionner en alternant entre la stomatologie, l'orthodontie et la prothésie plutôt qu'à trouver de la stabilité », explique la jeune femme.

    Elle enseigne à l’Académie d’art dentaire Ipso depuis deux ans

    En 2010, Emilie Smolarek tente le grand saut : elle opte pour le statut d'autoentrepreneur et prend le pari d'exercer en libéral. « Je m'étais rendu compte qu'en intérim, peu importe la qualité de la prestation, on touche le même salaire. Désormais, je peux fixer mon tarif. J'ai pu me constituer un carnet d'adresses de praticiens qui ne rechignent pas à m'engager pour des remplacements, même s'ils me paient plus cher, car ils connaissent mon travail », révèle-t-elle.

    En plus de son tarif horaire fixé à 45 €, ce qui lui assure un chiffre d'affaires annuel de 30000 € (duquel il faut retrancher des charges), Emilie Smolarek arrondit ses fins de mois en enseignant la profession à l'Académie d'art dentaire Ipso depuis deux ans. « Je fais partager ma passion aux apprentis environ deux jours par semaine, pour 35 € l'heure de cours », détaille-t-elle. C'est ce qui s'appelle joindre l'utile à l'agréable.

    En savoir plus :

    À CONSULTER

    Le site de l'Ufad :

    http://ufad.hebergratuit.com/

    L’Académie d'art dentaire :

    http://www.groupeipso.fr/

    Le site de la CNQAOS :

    http://www.cnqaos.asso.fr/

    Dossier réalisé par Marc Hervez

    Article paru dans le supplément économie du Parisien

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