Bac : la major de Polynésie critique Parcoursup qui lui répond

La Polynésienne Ranitea Gobrait, 20,32 de moyenne, a exprimé samedi sa déception quant aux réponses d’orientation du système Parcoursup. Elle sera reçue lundi à la Direction générale de l'éducation et des enseignements.

Seul espoir pour Ranitea, être acceptée dans le lycée toulousain Pierre-de-Fermat pour une classe prépa d’ingénieurs. AFP : Mike Leyral
Seul espoir pour Ranitea, être acceptée dans le lycée toulousain Pierre-de-Fermat pour une classe prépa d’ingénieurs. AFP : Mike Leyral

    Elle a eu 20 sur 20 en philo, en histoire, en maths, en physique-chimie, en anglais, en mandarin, en espagnol, et, bien sûr, en natation.

    La championne du 800 mètres nage libre en Polynésie, Ranitea Gobrait, a cartonné au bac comme dans sa discipline sportive. Major de la cuvée 2018, la jeune multi-médaillée fait la fierté de son lycée La Mennais à Papeete : «

    Au-delà de ses capacités scolaires, c’est quelqu’un qui a de vraies valeurs humaines. Elle est gentille, patiente, très simple, elle aide ses camarades…

    », liste sa directrice, Valérie Faua. Et pourtant, malgré son

    20,32 de moyenne

    - obtenu grâce au bonus des options - Ranitea ne sait toujours pas où elle sera l’année prochaine. En effet, aucun de ses premiers choix d’orientation n’a été accepté. Alors qu’elle se dit victime de l’algorithme de Parcoursup, le ministère de l’Enseignement supérieur dément.

    Faute de sésame pour l’un des établissements parisiens qu’elle souhaitait - et si elle n’est finalement pas acceptée dans la prestigieuse classe préparatoire toulousaine pour laquelle elle a seulement décroché la liste d’attente - Ranitea ira à l’université de la Polynésie française quand plusieurs de ses brillantes camarades qui n’ont pas été admises en métropole ont, elles, choisi de partir à l’étranger.

    « On devrait nous laisser notre chance ! »

    « Je trouve ça aberrant. Je ne suis pas la seule dans ce cas : il y a beaucoup de bons élèves qui subissent le fait d'être à Tahiti. Les grandes prépas nous ont laissés de côté, nous les îles d'outre-mer […] Je trouve que c'est dommage de nous fermer les portes comme ça, on devrait nous laisser notre chance ! », implore la championne, surnommée « la collectionneuse de 20/20 » par Tahiti Nui Télévision.

    Même sentiment chez la directrice Valérie Faua : « On est forcé de constater qu’être en Polynésie française, ça peut défavoriser les élèves qui demandent des formations bien particulières […] Cette année, avec Parcoursup, ça a été un peu plus flagrant : avec APB, il y avait moins de cas comme ceux-là », assure l’enseignante du lycée La Mennais.

    En métropole, d’autres territoires ont déjà évoqué des discriminations. Fin mai, des lycéens de Seine-Saint-Denis s’étaient notamment révolté contre le système Parcoursup, estimant qu’il les désavantageait par rapport aux voisins parisiens. Stéphane Troussel, président PS du conseil départemental, s’était fendu d’une lettre ouverte à la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Il s’y interrogeait sur « l’opacité » de système de sélection. Or si les rectorats avaient effectivement dû fixer des quotas géographiques - de 1 à 70 % de candidats extra-académiques - pour les facs, ce n’est pas le cas pour les écoles. L’acceptation se fait en fonction des notes dans l’année, dans des matières correspondants aux critères fixés par l’établissement, et pas en fonction de celles obtenues au bac.

    Etude des notes sur deux ans

    Ainsi, pour le directeur Direction générale de l'éducation et des enseignements (DGEE) de Polynésie, Thierry Delmas, le cas de Ranitea ne relève pas de la discrimination. « Ce n'est pas la note au baccalauréat qui est prise en compte, mais le dossier sur deux ans de l'élève, c'est-à-dire l'ensemble de ses notes de Première et de Terminale, mais aussi une lettre de motivation », explique-t-il auprès de Tahiti Nui Télévision. Et d'insister : « C'est un dossier d'ensemble qui évidemment est excellent pour cette élève. Mais pour les établissements dans lesquels elle a été refusée, elle a été mise en concurrence avec d'aussi excellents dossiers, qui peuvent expliquer qu'elle n'ait pas eu tel ou tel établissement. (...) Son choix était un choix très ciblé d'établissements parisiens, bordelais, et aussi à Rennes. Et parmi ces choix-là, elle a été acceptée dans au moins un des lycées prestigieux de Paris. » Un établissement qu'elle a finalement refusé.

    Dans la soirée de samedi, le compte officiel de Parcoursup a répondu à la polémique sur Twitter : « Il ressort du dossier de cette bachelière que celle-ci a reçu et refusé plusieurs propositions d'admission, notamment dans des classes préparatoires aux grandes écoles qu'elle avait appelées de ses vœux à Paris », est-il précisé.

    Toujours selon la télé de Tahiti, Ranitea sera reçue dès lundi à la DGEE, pour voir si elle peut encore être accueillie dans une filière d'élite en métropole. La DGEE invite tous les bacheliers qui rencontrent de telles difficultés à les contacter.

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