Comment Sciences-po s’est ouvert aux banlieues

Mixité sociale - Sciences-po fête a fêté les 15 ans de son dispositif d’intégration des jeunes des quartiers sans passer par la case concours. Témoignages et petits pas des autres grandes écoles

Comment Sciences-po s’est ouvert aux banlieues

    Ils étaient 17 à essuyer les plâtres lors du lancement du programme en 2001. Ils sont aujourd’hui 163 à avoir intégré, à la rentrée dernière, Sciences-po Paris via la voie parallèle des conventions d’éducation prioritaire (CEP).



    Ces élèves, majoritairement enfants de chômeurs, d’ouvriers ou d’employés, représentent ainsi 20 % des effectifs des reçus hors filières internationales. Pas d’épreuves écrites classiques pour eux lors de la sélection à l’entrée mais un dossier d’actualité à soutenir au sein de leur établissement et un grand oral dans les murs de l’école parisienne. Pas moins de 106 lycées accueillant des jeunes des classes populaires et situés, pour beaucoup d’entre eux, en banlieue, sont partenaires des CEP contre 7 il y a quinze ans.

    27% de boursiers à Sciences-po

    La part globale de boursiers à Sciences-po a bondi, passant de 6 % en 2001 à 27 % l’an dernier. Cette réforme inédite, qui avait été extrêmement contestée au moment de sa naissance en 2001, est aujourd’hui encensée. « Une étude menée auprès de tous nos élèves a évalué le taux d’adhésion à 75 % », savoure Hakim Hallouch, en charge des innovations sociales à Sciences-po, lui-même issu de la première promo CEP.

    Cultiver le "travailler ensemble"

    « La tendance, au sein de notre société, c’est plutôt l’entre-soi. Eh bien, nous, à travers ce programme CEP, on casse tout ça. On a deux mondes différents qui se côtoient et surtout travaillent ensemble », observe-t-il. Selon lui, le taux de réussite de ces excellents éléments ayant grandi à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ou Vaulx-en-Velin (Rhône) est identique à celui de leurs camarades aisés.



    Idem pour leur insertion professionnelle. « Ils ont les mêmes salaires que les autres diplômés », souligne-t-il. Parmi les 650 diplômés, certains sont devenus avocats, journalistes télé, DRH, commissaires de police, consultants, banquiers, chefs d’entreprise ou enseignants-chercheurs à… Sciences-po ! Et pour la première fois, un ancien élève qui souhaite rester discret vient d’intégrer l’ENA, brisant enfin ce qui était jusque-là un plafond de verre.

    Les petits pas des autres grandes écoles

    Quinze ans après sa décision tonitruante de faire entrer la diversité dans ses amphis, Sciences-po reste la seule à pratiquer une discrimination positive. La Conférence des grandes écoles (CGE), qui fédère les cursus d’ingénieurs ou de commerce les plus prestigieux, reste hostile au principe. Pour autant, certaines ont entamé leur ouverture aux jeunes des quartiers populaires, par une politique de petits pas discrète, mais qui produit tout de même des effets.

    L’école de commerce Essec , par exemple, multiplie les tutorats de collégiens et de lycéens, et organise aussi des « prépas à la prépa » chaque été pour donner un coup de pouce aux jeunes issus d’établissements de l’éducation prioritaire. Ces dispositifs ont permis à l’école de multiplier par quatre, depuis quinze ans, le nombre de ses élèves boursiers, qui atteint aujourd’hui 21 % des effectifs. Au total, les écoles de la CGE accompagnent dans ces « cordées de la réussite » 19 000 jeunes chaque année.

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