Coronavirus et grandes écoles. Et la rentrée, comment se fera-t-elle ?

L'épidémie a mis à rude épreuve l’organisation et l’agilité des Business Schools. Quels enseignements en tirent-elles pour le futur ?

Crédit photo : Brest Business School
Crédit photo : Brest Business School

    « La période a révélé l’immense engagement de nos équipes pour nous adapter à une situation exceptionnelle », se félicite Emmanuel Métais, directeur général de l’Edhec, à Lille et Paris. Fermer les campus, passer au 100 % en ligne en formant tout le corps professoral, relevait de l’impossible. « Si on nous avait dit que nous pouvions tout basculer à distance en une semaine, y aurions-nous cru ? », s’interroge Lamia Rouai, directrice générale d’EBS Paris (European Business School). La réponse est non, d’où le sentiment d’avoir « collectivement répondu présents à un grand défi », selon elle. Il faut pourtant prévoir la suite et se montrer « agiles », selon un vocable cher à ces mêmes écoles d’habitude.

    Trois scénarios

    « Nous travaillons sur tous les scénarios qui peuvent se présenter à la rentrée de septembre », confie Emmanuel Métais. L’Edhec en cible au moins trois, le « pire » étant celui d’une circulation du virus qui oblige à demeurer 100 % en ligne, le meilleur – « dont j’estime la probabilité très faible », souligne-t-elle – celui d’une rentrée normale. La vérité se situera sans doute entre les deux, avec un format de cours en blended, (mélange de présentiel et distanciel), dont l’équilibre évoluera avec la situation rencontrée.

    « La réflexion doit s’engager : que sacralisons-nous en physique sur nos campus, et quels domaines gagneraient à être digitalisés ? Les frontières sont dépassées, il faut les réinventer », annonce Stéphanie Lavigne, directrice générale de Toulouse BS. Elle-même professeur, elle ne souhaite pas un instant la fin des cours en classe. « Ce qui se passe dans une salle de cours est mémorable. C’est pour cela que nous avons choisi ce métier ! »

    « Le confinement nous a surpris, ne pensons pas que le déconfinement lui sera symétrique. Il nous étonnera aussi ! », prédit José Milano, directeur général d’Inseec U.

    Le e-learning conforté

    Le groupe se prépare aux mois qui viennent avec de nouvelles armes. « On ne reviendra pas à la situation ante. La période a propulsé le e-learning au rang des

    évidences, il n’y a plus de débat », tranche José Milano. Les modèles pédagogiques seront bousculés. Resteront des valeurs fortes qui ont émergé pendant la crise : « Solidarité, confiance, agilité, nous ont permis d’agir avec une stupéfiante rapidité, il ne faudra pas l’oublier », avertit le DG d’Inseec U. Quid des cours ? Ce qu’on apprendra demain dans les Business Schools sera-t-il modifié ? « Comme toute crise, celle-ci devrait accélérer des tendances existantes », estime Emmanuel Métais. Il pointe cependant un domaine peu traité dans les écoles françaises, contrairement à leurs consœurs anglo-saxonnes : la santé. « Il y a là un sujet amené à prendre de l’ampleur », affirme-t-il.

    Gestion de crise, prise de décision dans un contexte extraordinaire, management du risque… Autant d’aspects qui viendront enrichir l’enseignement, sans pour autant le bouleverser.

    « Il ne s’agira pas tout de suite d’un retour à la normale »

    Delphine Manceau Directrice générale de Neoma Business School

    Au moment où nous parlons, quelles sont vos priorités ?

    Il y en a plusieurs. Nous venons de rouvrir nos campus pour nos équipes, sur la base du volontariat, en respectant les mesures sanitaires. Nous accompagnons aussi nos étudiants pour leur recherche de stages, dont certains ont été annulés ou décalés. L’heure est aussi bien sûr au recrutement de ceux qui nous rejoindront l’an prochain.

    Comment faire découvrir Neoma dans ces conditions ?

    Sentir l’ambiance d’une école, discuter avec ses équipes et ses étudiants, sont des éléments essentiels pour choisir son établissement. Malgré les conditions très particulières cette année, il faut que les candidats puissent le faire. Nous avons mis en place des visites virtuelles de nos campus, ainsi que des webinars pour leur permettre de connaître nos programmes, de poser leurs questions… L’objectif : les aider à se projeter dans leur vie avec nous.

    Quelle rentrée en septembre ?

    Il ne s’agira pas tout de suite d’un retour à la normale. Toutes les précautions sanitaires seront prises, avec le souhait de reprendre des cours en présentiel dès septembre. Des questions demeurent, comme celle de l’international. Certains étudiants commenceront peut-être par des enseignements à distance avant de rejoindre nos campus. Pour ceux qui doivent partir, les signaux sont positifs en Europe, plus incertains en dehors. Une telle période montre à quel point avoir un grand nombre de partenaires est précieux : Neoma proposera des alternatives pour que les étudiants vivent leur expérience internationale quand ils le souhaitent.

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