Coronavirus et grandes écoles. « Notre rôle est de former des diplômés capables de faire face aux crises »

Comment va se dérouler la rentrée dans les grandes écoles ? Quelles seront les grandes transformations ? Comment les entreprises vont réagir ?

Coronavirus et grandes écoles. « Notre rôle est de former des diplômés capables de faire face aux crises »

    Comment va se dérouler la rentrée dans les grandes écoles ? Quelles seront les grandes transformations ? Comment les entreprises vont réagir ?

    Voici le regard de Tamym Abdessemed, directeur de l’ISIT, ancien directeur des études de HEC Paris, également Président de la Commission communication à la Conférence de Grandes Ecoles.

    Comment envisagez-vous la prochaine rentrée ?

    Elle ne sera pas comme les autres, c’est une certitude. Nous assurerons évidemment la continuité avec une généralisation marquée du blended learning (NDLR : mix entre présence physique et cours à distance) et ce, de manière irréversible. On a mesuré la puissance du virtuel qui nous rapproche vraiment du réel avec de vraies interactions. Mais pour que cela fonctionne bien, il faut une rente relationnelle initiale qui passe par une rentrée physique solide et une certaine vie commune au départ. A partir de cela, on peut construire des dispositifs on-line performants. On le sait : la réussite académique ne passe pas exclusivement par des contenus mais par une expérience de vie.

    Coté entreprises, qu’est ce qui va changer selon vous ?

    Les premiers indicateurs montrent que les manières de travailler vont radicalement évoluer dans les organisations. L’enjeu pour les grandes écoles est d’accompagner ce changement pour préparer nos élèves à de nouvelles approches. Pour ce qui est de l’emploi, je suis réaliste et confiant. Après tout, notre rôle est aussi de former des diplômés capables de faire face aux crises. Chez les recruteurs, je sens une volonté d’aller de l’avant afin d’anticiper la reprise. Il y aura sans doute quelques mois compliqués et nous devrons jouer à plein notre mission de soutien des jeunes.

    La formation de votre école se base sur le concept « interculturel ». Cela apporte quoi en plus dans le contexte que nous connaissons ?

    De nouvelles interactions sont apparues, pour collaborer, se coordonner, innover… L’espace virtuel est devenu illimité. Notre approche multiculturelle aide donc considérablement à passer d’une idée à l’autre ou échanger avec différentes populations… La relation est plus que jamais au cœur de notre job. Or je suis convaincu que les étudiants devront désormais disposer de cette capacité avec d’avantage de finesse et de fluidité. Cela d’autant plus que les barrières technologiques sont tombées et le pilotage de la relation devient le vrai savoir-faire. A l’ère du digital, on découvre que les hard skills de demain sont les soft skills d’hier !

    Savoir parler à tout le monde dans l’entreprise est donc la compétence clé chez les futurs managers ?

    Les racines de notre école sont de permettre à des gens différents de s’écouter et se comprendre pour créer des convergences et mener des projets. C’est pourquoi nous formons des personnes capables de s’interfacer avec les autres et pas exclusivement compétents dans une discipline comme la finance, le marketing ou la technique. Notre défi est de faire travailler tout le monde sur des défis collectifs. Dans cet esprit, le concept d’interculturel ne concerne pas exclusivement les langues ou les nationalités, mais également les métiers, les techniques, les expertises ou encore les générations.

    Votre modèle bouscule-t-il quelque peu les écoles de commerce ?

    Nous sommes une école de management et de communication interculturelle. Ces deux éléments sont indissociables. Donc les langues sont certes indispensables mais pas seulement. Nos diplômés acquièrent des compétences comparables à celles des écoles de commerce ou Sciences Po, mais avec une approche supplémentaire consistant à former des personnes capables de traiter la différence. Gérer des situations complexes est aujourd’hui un talent indispensable, nous ne savons pas assez agir dans la différence et en faire un levier.

    Propos recueillis par Gilbert Azoulay

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