Ecoles de commerce : Portrait-robot du manager idéal

Quel manager est aujourd’hui formé par les écoles ? Quelles sont les compétences qui lui seront indispensables demain ? Innovation, ouverture d’esprit...

Ecoles de commerce : Portrait-robot du manager idéal

    Quel manager est aujourd’hui formé par les écoles ? Quelles sont les compétences qui lui seront indispensables demain ? Innovation, ouverture d’esprit, curiosité, écoute, prise de recul : chaque business school développe sa propre philosophie managériale. Une diversité d’objectifs et de méthodes, mais plusieurs points de convergence.

    Des programmes communs et des doubles diplômes avec l'École normale supérieure, Polytechnique ou Sciences Po Paris, dans des domaines très variés – mathématiques, droit, affaires publiques, économie, etc. Des cours d'anthropologie financière, de psychanalyse ou d'éthique et des conférences sur l'avenir politique, la laïcité ou l'universalisme. Des sessions de créativité avec des étudiants en design. Un parcours "trois valeurs" en e-learning, centré sur le développement durable, l'éthique et la diversité. Ou encore un séminaire de trois jours au Parlement européen, avec des conférences d'experts et une simulation de négociation.

    Difficile à première vue de trouver un point commun entre ces offres pédagogiques.

    Et pourtant, elles sont toutes proposées par des business schools françaises – respectivement, HEC Paris, l’ISC Paris, l’ESC Troyes, l’EM Strasbourg et ESCP Europe.

    « Toutes les écoles fournissent les fondamentaux du management, rappelle Jean-Guy Bernard, directeur général de l'EM Normandie. Leur différence se joue ailleurs. » D'abord, dans le choix de spécialisations fonctionnelles et sectorielles. Mais ce sont les compétences relationnelles et comportementales qui prennent de plus en plus d'importance, et les écoles l'ont bien compris. « Notre première mission est de transmettre des savoirs et de transférer des savoir-faire, confirme Maxime Gambini, directeur du développement de l'ESC La Rochelle. Mais notre rôle consiste aussi à s'assurer de l'appropriation de valeurs, comme l'écoute, l'adaptabilité et l'ouverture d'esprit. »

    Débrider la créativité

    Si chaque business school défend sa propre vision du manager “idéal” et des moyens pertinents pour la concrétiser, un noyau dur de compétences ressort nettement. L’innovation et la fibre entrepreneuriale en font partie. « L’image d’un entrepreneur pour le monde correspond au sens de l’initiative, à la capacité de changer de point de vue et de sortir du cadre, estime Thierry Picq, doyen associé à l’innovation pédagogique de l’EMLyon. Il s’agit d’une posture, au service de principes d’action. » Pour la concrétiser, l’école s’appuie sur plusieurs dispositifs pédagogiques : un travail de recherche appliquée sur un sujet de société, en première année, « qui développe la capacité à poser des hypothèses et à porter un regard critique », ou encore la période de six mois de stage à l’étranger, « pour développer l’ouverture à la diversité des contextes professionnels ».

    La plupart des écoles misent aujourd’hui sur cette dimension créative, « au sens de l’esprit critique et de la capacité de remise en cause »

    , d’après Didier Jourdan, directeur général du groupe Sup de Co Montpellier. C’est également le positionnement de l’ICN Business School, qui met ainsi à profit l’alliance Artem avec l’École des Mines et l’École nationale supérieure d’art de Nancy. « Les étudiants de 2e année travaillent avec des élèves de ces deux écoles sur des projets transversaux, détaille Jérôme Caby, directeur général de l’ICN Business School. Ils apprennent à devenir des acteurs de l’innovation, en concevant l’agence bancaire de 2025 ou des services inédits dans la grande distribution. »

    Depuis 2012, les étudiants de l’ESC Rennes peuvent mettre à profit leurs semestres à l’étranger pour intégrer le programme InnoCapt et devenir des « capteurs d’innovation »,

    selon la formule d’Olivier Aptel, directeur général de l’école : « Ils sont en situation d’identifier des innovations sociétales ou technologiques, et de les traduire dans un autre environnement. » Avec la possibilité de les proposer à des entreprises ou de créer leur propre start-up.

    Société, géopolitique et culture

    La capacité à comprendre le monde, dans toute sa complexité, est un enjeu important. L’ESC Grenoble, depuis plusieurs années, place la géopolitique au cœur de cette démarche, ainsi que la culture générale « comme outil d’aide à la décision ». Pour Jean-François Fiorina, directeur de l’école, « notre rôle est de les aider à “apprendre à apprendre” différemment, au travers de multiples formes pédagogiques – serious games, pédagogie inversée, etc. ». S’il souligne également l’importance de connaissances « sociétales, géopolitiques et culturelles », Jean-Guy Bernard met en avant une autre exigence pour les écoles : « Elles doivent forger l’esprit de décideur dans un contexte d’incertitude ». L’EM Normandie s’appuie notamment sur les missions HEC Entrepreneurs, dont les phases de débriefing mettent l’accent sur l’analyse des facteurs qui ont contribué à la réussite ou à l’échec.

    À chaque business school correspond donc une façon unique d’appréhender l’acquisition de compétences managériales

    . « L’ouverture d’esprit nécessite une connaissance de tous les champs de l’entreprise », indique Stéphan Bourcieu, directeur général de l’ESC Dijon. L’école propose désormais plusieurs dizaines de cours électifs aux étudiants de 2e année, dans tous les domaines du management, et dispensés par des experts – des enseignants de l’ESC Dijon, de son partenaire anglais Oxford Brooks University Business School, ou venus des meilleures institutions internationales comme Harvard ou le MIT.

    Révéler les talents

    Sup de Co La Rochelle, pour sa part, vise le développement de la curiosité et du sens de l’écoute avec la mission Humacités, centrée sur une expérience citoyenne et responsable. « 50 % du parcours des étudiants se passe en dehors de la salle de classe, précise Maxime Gambini. L’expérience et le développement personnel sont indispensables à la formation managériale. » Et dans une époque valorisant l’accélération et l’immédiateté, la prise de recul est une compétence clé. Pour Isabelle Assassi, directrice du programme Grande École de l’ESC Toulouse, « les jeunes que nous formons doivent être autant des créateurs que des penseurs. La lecture d’articles académiques permet de poser des idées et des hypothèses. Le rapport de stage de 3e année devient un mémoire de fin d’études sur une problématique stratégique, permettant de confronter cette approche théorique à la réalité des pratiques ». Un exemple de plus de la mission des business schools du 21e siècle, résumée ainsi par Thierry Picq : « Au-delà de la formation managériale, révéler les talents des futurs managers. »

    G.M.

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