Ingénieurs : un enjeu capital pour les entreprises françaises

DOSSIER SPECIAL INGENIEURS - L'Hexagone n'a pas la réputation d'être une terre d'ingénieurs. Mais avec des formations de plus en plus diversifiées, ils deviennent particulièrement attrayants pour les sociétés.

Ingénieurs : un enjeu capital pour les entreprises françaises

    Le cliché des ingénieurs les mains dans le cambouis n’est plus d’actualité, tant leur profil et leur rôle au sein des entreprises ont changé. En effet, aujourd’hui, on les retrouve dans de nombreuses fonctions.

    « Leur formation a suivi trois axes de développement : plus de proximité avec les entreprises ; plus d’international ; plus de préparation à l’entrepreneuriat,

    détaille Gérard Duwat, président de l’Observatoire des ingénieurs et scientifiques de France, à l’origine de l’enquête annuelle sur cette population.

    Avec une ouverture sur le marketing, l’économie, les sciences humaines et sociales. Ce qui leur donne la capacité d’embrasser plusieurs carrières. »

    La recherche et le développement, les sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) ou les bureaux d'études sont autant de débouchés de plus en plus fréquents. L'évolution dépasse largement le champ de l'emploi, c'est toute la philosophie du métier qui semble en mouvement. Pour preuve, l'enquête annuelle réalisée en mai et avril 2011 par le Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France (CNISF) qui comportait, pour la première fois, une série de questions sur l'éthique. 70 % des 39 417 sondés y ont répondu. Et 87 % d'entre eux estiment que « le génie de l'homme permettra que la Terre reste vivable ». Pour Gérard Duwat, ces résultats montrent que « ces scientifiques associent pleinement progrès techniques et avancée sociale. Leur objectif est bien de maîtriser les nouvelles technologies pour mieux faire vivre les hommes ».

    Une vocation que les ingénieurs sont de plus en plus nombreux à embrasser. Chaque année, plus de 30 000 personnes décrochent leur diplôme d'ingénieur en France. Ce chiffre a doublé en moins de quinze ans, à tel point que l'Hexagone compte désormais 650 000 ingénieurs en activité.

    « La France en forme plus que l’Allemagne »

    , tient à souligner Pierre Lamblin, de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), alors que notre voisin d’outre-Rhin a pourtant une tradition dans l’ingénierie industrielle. Loin d’un effet de mode, l’augmentation des effectifs correspond à une forte demande :

    un jeune diplômé sur deux, signe un contrat de travail avant même d’avoir passé ses examens.

    Et certaines entreprises n'hésitent pas à dérouler le tapis rouge pour attirer les plus talentueux. Ainsi, en 2009, en pleine crise économique, EADS n'a pas voulu prendre le risque de voir lui échapper un brillant étudiant de l'Université technologique de Troyes (UTT). Elle lui a offert un contrat rutilant avec formation, mobilité géographique et responsabilités garanties… six mois avant son diplôme. « Cela ne fait pas pour autant de la France une société d'ingénieurs, regrette néanmoins Gérard Duwat. En revanche, la perception qu'en ont les entreprises est bonne. »

    Autre particularité des ingénieurs français du xxie siècle : l'envie de travailler à l'international. À l'École polytechnique féminine (EPF), 20 % des diplômées démarrent une carrière à l'étranger. Et au niveau national, d'après l'enquête du CNISF, ce taux est de 15,6 %. Chez les moins de 30 ans, ils sont 16,2 % – contre 14,6 % en 2008 – à passer la frontière. La possibilité de trouver assez facilement un poste à l'international est l'une des principales raisons de cette évolution. Et pour cause : « La pénurie d'ingénieurs est un phénomène mondial, explique Jean-Michel Nicolle, directeur de l'EPF. L'Afrique du Sud, la Chine ou bien encore Taïwan sont confrontés à des besoins importants.

    Et nos ingénieurs les séduisent. Les raisons ? Avec ses cinq ans d’études alors que, ailleurs, c’est plutôt trois ou quatre ans, le cursus français – et je parle là pour l’ensemble du système – est plus exigeant, avec une base théorique plus solide et généraliste. Nos jeunes peuvent ainsi passer d’un domaine scientifique à l’autre. Avec la possibilité de faire un stage long, qui n’existe pas aux États-Unis, peu en Australie et pratiquement pas en Chine. » Autant d’atouts auxquels seront peut-être sensibles les recruteurs d’outre-Rhin.

    L'Allemagne a en effet annoncé récemment devoir recruter pas moins de 500 000 ingénieurs dans les dix années à venir... Bonne nouvelle : l'intérêt des jeunes Français pour les formations d'ingénieur permet de miser sur les talents de demain. Pour preuve, les toutes dernières statistiques du système de recensement des choix d'orientation dans l'enseignement supérieur, baptisé « APB » (admission post-bac) : les écoles d'ingénieurs sont en hausse de 33 % dans les premiers voeux enregistrés ces deux dernières années. Une envie qui doit maintenant se confirmer, notamment auprès des femmes qui sont encore moins de 20 % à intégrer une école d'ingénieurs.

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    Magdalena Meillerie

    Article issu du Parisien économie du lundi 10 octobre 2011

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