France Business School : Les raisons d'une scission

« Pourquoi France Business School (fBS) est passée d’une formation sélective réservée à une élite, au développement ouvert des talents les plus divers ? » Interview de Patrick Molle directeur général de fBS

Patrick Molle, directeur général de France Business School (fBS)
Patrick Molle, directeur général de France Business School (fBS)

    « Pourquoi fBS est passée d’une formation sélective réservée à une élite, au développement ouvert des talents les plus divers ? », c’est avec ces mots que Patrick Molle, le directeur général de France Business School, explique son nouveau modèle de grande école de commerce. Fini le recrutement traditionnel, place à une nouvelle approche en totale rupture avec le passé. Une stratégie de différenciation vitale pour des établissements à la recherche d’un second souffle.

    Vous avez décidé de sortir du système classique des grandes écoles. Vous êtes d'ailleurs assez critique envers elles. Est-ce selon vous la fin d'un modèle ?

    Cela y ressemble en effet. Notre système des Grandes Ecoles, si performant durant les 30 glorieuses, au coeur duquel règne la culture de l'élite ou plutôt d'une certaine forme d'élitisme, a sérieusement besoin de se remettre en cause et de se rénover. Le monde est en révolution. Les entreprises, notre pays, la société toute entière ont besoin de nouveaux leaders, de nouveaux dirigeants, beaucoup plus créatifs, innovants et humains capables de créer la richesse économique, sociale et sociétale dont l'humanité à besoin pour relever des défis comme elle n'a jamais rencontrés depuis son origine : pauvreté massive (80% de la population mondiale ...), raréfaction des sources traditionnelles d'énergie et des matières premières, réchauffement climatique et pollution inquiétante ... C'est le rôle principal de l'éducation et en particulier de l'enseignement supérieur que de préparer ces nouvelles générations de leaders. Les crises profondes et durables que traversent l'économie et la société nous invitent à penser et agir différemment, à ne pas reproduire les schémas du passé, prenant ainsi de la distance avec des modèles en place depuis le plan Marshall.

    Pour que nos Grandes Ecoles, en particulier de management, puissent continuer à contribuer activement à préparer les leaders du futur, elles ont besoin, selon nous, de repenser significativement deux des piliers de leur modèle et de revenir à un de leurs fondamentaux originels.

    Les deux piliers critiques ? le profil des élèves et leur mode de sélection

    . Même si les écoles ont élargi, grâce aux admissions sur titre en particulier, les formations initiales de leurs élèves, elles restent trop "fermées" en matière de diversité de connaissance, culturelle et sociale. Le mode de sélection y est pour beaucoup, où les résultats à l'écrit (c'est-à-dire l'évaluation des connaissances) sont le principal élément de sélection pour 80% des Ecoles (au-delà des 4 ou 5 mieux classées). Pour préparer les nouveaux leaders, il faut s'attacher bien sûr à évaluer ce "qu'ils ont dans la tête", mais aussi et surtout à saisir leurs compétences, leur potentiel, leur personnalité, leur ambition, leurs valeurs, leurs envies ... ET c'est là que se situe la principale limite des systèmes de recrutement traditionnels dans la grande majorité des Grandes Ecoles.

    Par ailleurs, nous pensons que nos Ecoles se sont excessivement "académisées" sous l'influence des accréditations puis des classements, privilégiant là encore, pour répondre aux "normes" en vigueur, un profil-type de professeurs (le jeune chercheur) ou détriment d'une plus grande diversité de profils de pédagogues (incluant bien sur le professeur-chercheur) et glissant progressivement vers des cours au contenu plus théorique au détriment de ce qui a toujours fait la force de nos Ecoles, le travail sur le développement personnel de l'étudiant. Voilà un des fondamentaux de la Grande Ecole à la française auquel il faut revenir de manière urgente.

    Qu'apportez-vous de plus ? Après tout fBS est le résultat de la fusion de grandes écoles de commerce qui avaient besoin d'un second souffle.

    Les Ecoles fondatrices de fBS (ESC Amiens, Brest, Clermont et ESCEM Tours-Poitiers) ne sont pas les seules en France qui ont besoin d'un second souffle... Les nôtres ont eu le courage et surtout la clairvoyance, sous le leadership de François Duvergé, ex-Président de l'ESCEM, et des Présidents de leurs CCI, de prendre le virage, de se remettre en question, de se rénover et de proposer un modèle éducatif plus en phase avec le monde actuel.

    fBS, c'est d'abord un mode de recrutement, les "Talent Days"

    privilégiant l'identification des talents des candidats les plus divers plutôt qu'un tri sur les seuls résultats académiques. Lors d'une journée d'évaluation accessible aux étudiants diplômés de l'enseignement supérieur ou ayant fait deux années de classes préparatoires (toutes filières confondues), nous travaillons avec les candidats et des professionnels des ressources humaines pour identifier le potentiel de chacun, potentiel sur lequel nous allons, avec eux, travailler au cours de la scolarité pour construire et développer leurs compétences et projets professionnels. La capacité et l'envie d'entreprendre, la créativité, le sens des responsabilités, l'ouverture aux autres et les valeurs de chacun de nos futurs étudiants sont essentiels à nos yeux pour faire d'eux les leaders dont la société a besoin.

    fBS, ce sont ensuite des programmes, dont le Programme Grande Ecole

    , exigeant et de haut niveau totalement repensé par nos professeurs et beaucoup d'entrepreneurs reconnus, afin de les préparer au mieux au monde en mouvement, global et fortement bouleversé par des chocs technologiques permanents dans lequel ils vont exercer des responsabilités. A côté des disciplines fondamentales traditionnellement enseignées dans nos Ecoles (marketing, finance, économie, ...), nous avons introduit significativement des domaines indispensables à nos yeux pour comprendre et agir sur le monde demain: design, culture scientifique, géopolitique, internet, sciences politiques, ... Par ailleurs, grâce à ce que nous appelons les "crédits fBS" (qui complètent les fameux crédits ects exigés pour tout diplôme reconnu de haut niveau), nous faisons travailler nos étudiants sur des éléments essentiels à nos yeux :

    savoir rédiger un rapport, animer une réunion, une équipe, un projet, gérer son stress, son sommeil, travailler à distance, parler en public, négocier, travailler dans plusieurs langues... les basics, les fondamentaux indispensables en somme pour tout entrepreneur ou manager ...

    fBS dans ses programmes s'attache enfin à non seulement développer les savoir de ses étudiants (les fameuses "têtes bien faites" ...), mais surtout à développer leur savoir-faire et révéler leur savoir-être.

    Votre nouvelle approche vous conduit à miser sur les nouvelles technologies. Quel est le "+" de cette approche ?

    L'étudiant d'aujourd'hui et encore plus de demain ... les fameuses générations Y ou Z ... ou la fameuse "Petite Poucette" de Michel Serre sont nés avec internet et les nouvelles technologies. Ils sont connectés en permanence, adeptes des forums d'échanges et des réseaux sociaux, champions des messages électroniques ... internet est leur monde, leur espace de communication, de travail, de loisir ... l'éducation n'échappe pas à ce mouvement, nos étudiants nous emmènent vers plus de mobilité, d'interactivité, de spontanéité, ... la connaissance n'est plus ce qu'ils cherchent prioritairement chez nous (elle est accessible, ouverte sur internet à la limite), mais plus l'expérience de leurs professeurs et des entrepreneurs-coachs ... échanger plutôt qu'écouter, co-construire des projets plutôt que rédiger des devoirs ou des cas, débattre, essayer ... le vieux concept du "face à face pédagogique" laisse la place au "côte à côte éducatif" ... Technologie n'est pas pédagogie ...elle n'est pas une fin en soi, mais un formidable vecteur et accélérateur pour favoriser un apprentissage collaboratif, ouvert, responsable et créatif ... voilà la philosophie fBS.

    Vous êtes de facto une des plus grandes écoles de commerce françaises. Qu'est-ce que cela va vous apporter de plus ?

    La taille n'est pas un objectif, elle n'est un atout que si vous savez utiliser les moyens qu'elle vous procure pour proposer un projet éducatif et pédagogique attractif et pertinent. Une fusion d'écoles pour la taille n'aurait pas de sens et ne garantirait pas la pérennité sur le long terme. Les fondateurs de fBS, au-delà de la recherche d'une taille critique, ont surtout voulu inventer la Grande Ecole des Entrepreneurs du XXIème siècle, plus ouverte, agile et connectée pour former des leaders audacieux créatifs et responsables, concernés par le développement de leurs territoires.

    Le fait d'être une des plus grandes écoles de commerce en France, mais surtout d'être une école multi-campus sur des territoires français et étrangers très différents, nous procure surtout une diversité de moyens, de cultures et d'expertises qui sont autant d'atout pour préparer nos étudiants à réussir leurs projets et leur vie. Nous n'avons d'autres objectifs que celui-là et faisons le plus beau métier du monde : permettre aux jeunes de révéler et développer leurs talents, de les transformer en savoir-faire et de s'épanouir en contribuant à changer positivement le monde.

    Propos recueillis par Gilbert Azoulay

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