Handicap : lutter en amont contre l’autocensure

Toutes les enquêtes d’insertion l’attestent, la formation est le premier tremplin vers l’emploi. Mais pour les jeunes en situation de handicap, les actions ne sont pas à conduire seulement au niveau des établissements d’enseignement supérieur...

Elisabeth Cortana s’est fait renverser à l’âge de 12 ans par une voiture et souffre depuis d’une grande fatigabilité, de difficultés de mémorisation et de tremblement des mains.
Elisabeth Cortana s’est fait renverser à l’âge de 12 ans par une voiture et souffre depuis d’une grande fatigabilité, de difficultés de mémorisation et de tremblement des mains.

    Toutes les enquêtes d’insertion l’attestent, la formation est le premier tremplin vers l’emploi. Mais pour les jeunes en situation de handicap, les actions ne sont pas à conduire seulement au niveau des établissements d’enseignement supérieur

    , mais bien en amont, dès le collège, afin d’éviter les phénomènes d’autocensure. « La classe de 3e est un palier décisif, remarque Fabien Gaulué, délégué général de la Fédération étudiante pour une dynamique études et emploi avec un handicap (FEDEEH). C’est à ce niveau que certains collégiens handicapés sont amenés à faire un choix d’orientation par défaut. »

    Rassemblant près de 40 associations étudiantes et une vingtaine d'établissements d'enseignement supérieur, la FEDEEH pilote aujourd'hui le programme Phares (Par-delà le handicap avancer et réussir des études supérieures), lancé en 2008 à l'Essec. « Il s'agit d'un programme de tutorat assuré par des étudiants auprès d'élèves de la 3e à la terminale scolarisés en milieu ordinaire, détaille Fabien Gaulué. Pendant quatre ans, les collégiens, puis lycéens sont reçus en petit groupe chaque semaine dans un des établissements partenaires du programme. L'objectif est de développer chez ces jeunes la confiance en soi, de les aider à acquérir de l'autonomie, de travailler sur leur projet de formation et professionnel. » Les premiers retours du dispositif sont très encourageants : 93% des bacheliers coachés par le programme Phares poursuivent aujourd'hui des études supérieures dans une très grande diversité de filières (classes prépas, université, Sciences-po, BTS, IUT…).

    Dans le même esprit, l’association Tremplin accompagne des lycéens, mais aussi des étudiants en situation de handicap et les aide à aller « le plus loin possible »

    , en fonction de leurs aspirations et de leurs capacités. Les quelque 400 jeunes suivis chaque année par l’association sont d’abord reçus en entretien par un chargé de mission pour discuter de leur projet, puis accompagnés pour valider celui-ci, soit au travers d’un stage, d’une rencontre avec un professionnel ou d’un contrat d’alternance au sein d’une des 220 entreprises membres de Tremplin.

    93% des bacheliers coachés par le programme Phares poursuivent des études supérieures

    Mettre un pied dans la réalité permet bien souvent de faire tomber certaines barrières du côté de l’entreprise comme de celui de la personne handicapée.

    TEMOIN

    « J’ai été soutenue par une auxiliaire de vie scolaire »

    Elisabeth CORTANA, 22 ans, en licence pro technologies de la mobilité et de l’accessibilité à l’IUT de Vélizy (Yvelines)

    Depuis qu'Elisabeth s'est fait renverser à l'âge de 12 ans par une voiture, c'est un combat de tous les jours, mais la jeune femme, âgée aujourd'hui de 22 ans, n'a jamais rien lâché. « Après plus de deux années passées à l'hôpital et en centre de rééducation, j'ai repris les cours au collège, raconte-t-elle. Les enseignants voulaient m'orienter en lycée professionnel, mais j'ai fait le maximum pour passer en 2de générale ! »

    Si elle a bien récupéré physiquement — elle marche normalement —, Elisabeth souffre toujours d'une grande fatigabilité, de difficultés de concentration et de mémorisation du fait du traumatisme crânien provoqué par l'accident. Au lycée, ses professeurs lui conseillent d'étaler la préparation du bac sur quatre ans au lieu de trois. « J'ai refusé et j'ai réussi mon bac, de justesse, mais du premier coup ! souligne-t-elle. J'ai été heureusement soutenue par une auxiliaire de vie scolaire (AVS) qui m'aidait à focaliser mon attention. J'ai aussi été boostée par des tuteurs étudiants à l'Essec, dans le cadre du programme Phares. »

    Peut-être parce qu'elle a beaucoup fréquenté les hôpitaux, Elisabeth rêve alors de devenir infirmière. « J'ai mis du temps à accepter que ma fatigue et le tremblement de mes mains m'empêchaient de faire ce métier. Avec mes tuteurs, j'ai cherché une voie qui me permette d'être en contact avec les autres et j'ai pensé au secteur social. »

    Après le bac, elle se lance donc dans la préparation d'un BTS services et prestations du secteur sanitaire et social (SP3S), puis choisit de se spécialiser dans le domaine du handicap en s'inscrivant à la rentrée 2013 en licence pro technologies de la mobilité et de l'accessibilité. Elle ne bénéficie plus d'AVS et le rythme est difficile à suivre. Pour la première fois, elle songe à demander un aménagement de la formation sur deux ans. « Je suis parfois découragée, avoue-t-elle. Mais quand je regarde en arrière, je vois les obstacles que j'ai déjà passés et me dis que je finirai par y arriver. »

    Dossier réalisé par Laurence Merland Agence Accroche-Com’

    Article paru dans le supplément éco SPECIAL HANDICAP du Parisien / Aujourd'hui en France daté du lundi 18 novembre 2013

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