L'apprentissage, le meilleur choix après la crise

Olivier Faron, Administrateur général du CNAM, nous livre son analyse sur l’apprentissage prisée par les jeunes comme les entreprises et en même temps confronté à la crise. Les annonces du Ministère du travail devrait apporter un peu d’air au dispositif.

L'apprentissage, le meilleur choix après la crise

    Olivier Faron, Administrateur général du CNAM, nous livre son analyse sur l'apprentissage prisée par les jeunes comme les entreprises et en même temps confronté à la crise. Les annonces du Ministère du travail, avec des aides de 5000 et 8000 euros par apprentis, devrait apporter un peu d'air au dispositif.

    + 16 % depuis le début de l’année, - 20, voire - 30 % à la rentrée ?

    Voici la plus sinistre des prévisions concernant l’apprentissage. C’est pour éviter ce scénario que tous les acteurs se mobilisent et c’est ce scénario que les futurs apprentis doivent refuser. Car le succès de l’apprentissage, constaté avant la crise, a aussi permis la mise en place de nouveaux leviers fructueux, comme les Centres de Formation des Apprentis (CFA) créés au sein des entreprises ou des organismes de formation. Car la révolution culturelle en faveur de l’apprentissage, dont le succès est inappréciable dans des pays comme l’Allemagne ou la Suisse, est en train d’être gagnée. Et que l’Etat, à travers le ministère du travail, vient de décider ce jeudi 4 juin d’avancées très significatives.

    L’apprentissage est la meilleure réponse post-covid car il est le gage d’une excellence renouvelée. Dans l’enseignement supérieur, l’apprentissage permet d’accéder à tous les niveaux de formation dans les meilleures conditions. Il est aussi synonyme d’employabilité. Alors que certains secteurs connaissent des problèmes lourds, c’est par l’apprentissage que l’on peut devenir opérationnel pour de nouveaux besoins économiques, pour des domaines en tension : la santé bien sûr, à l’image de la pharmacovigilance, mais aussi l’informatique au sens large - du management digital à la data-science -, de la logistique au commerce ou à l’assurance… Ce sont des domaines pour lesquels l’enseignement supérieur va ouvrir des formations en apprentissage, en accompagnant les grandes transitions : écologique ou numérique. Il doit le faire avec une lecture fine des besoins des territoires, qui seront au cœur de la relance économique.

    Pendant la crise, l’apprentissage a profondément évolué.

    Beaucoup de CFA sont passés de 0 % de présentiel à presque 100 % de distanciel, démontrant une extraordinaire capacité d’adaptation. Pour les cours mais aussi pour le contrôle des connaissances. Les dernières semaines ont montré surtout que tous les acteurs défendent l’apprentissage avec force : les nouveaux Opérateurs de Compétences (OPCO) comme les organismes de formation, privés et publics, les ministères certificateurs et bien sûr, le Ministère du travail. La réussite de la réforme de la formation professionnelle apparaît plus que jamais comme une nécessité pour le pays. L’ambition est là et elle est soutenue de manière très volontariste.

    La crise a surtout mis en évidence le fait que le jeune ou le moins jeune, car fort heureusement l’âge d’entrée en apprentissage a été retardé, est au cœur du dispositif.

    Cela passe par une prise en compte sur mesure des ruptures aussi bien pédagogiques que professionnelles. La gestion des ruptures est bien une activité multiforme, combinant travail de réorientation, aide à la recherche d’un nouveau contrat mais aussi proximité pour renforcer l’estime de soi et la confiance. Le coût contrat doit bien prendre en compte non seulement la pédagogie mais également les coûts de l’accompagnement. Une harmonisation est nécessaire également sur les tarifs des frais annexes et de la mobilité internationale. L’accompagnement de la vie de l’apprenti est devenue une mission centrale des CFA : contrôle d’assiduité, aide au logement et au permis de conduire, construction de partenariat avec les missions locales et les établissements d’enseignement supérieur en cas de reprise d’étude en formation initiale, aides à l’orientation… Ce 4 juin, vient d’être décidé un soutien fort au financement de l’achat d’ordinateurs portables, gage de plus grande autonomie pour les apprentis et d’usage plus fluide du distanciel pour les organismes de formation.

    Mais bien sûr, le problème majeur est bien celui de l’entrée en apprentissage.

    Cela passe par des initiatives facilitant le choix de l’apprentissage, telles que la préparation opérationnelle à l’apprentissage, proposée par la Fédération Syntec du secteur numérique. Pourquoi ne pas aller aussi vers deux rentrées au cours de la même année universitaire ? Chacun converge vers une mobilisation pour accompagner les futurs apprentis dans leur recherche de contrats. Il s’agit de mieux financer la période de recherche effective de contrat, en l’allongeant désormais à six mois, une mesure particulièrement attendue. Pour certains alternants qui resteraient hors entreprise, une pédagogie de l’alternance particulière passe par une formation ad hoc à l’action en entreprises. La mobilisation générale, historique serait-on tenté de dire, à permis de proclamer haut et fort que l’apprentissage est un outil de sécurisation des parcours, surtout en période de crise. C’est bien tout le sens de l’aide financière qui vient d’être décidée ce 4 juin en faveur des entreprises, sans aucune condition pour les plus petites d’entre elles, embauchant des alternants inscrits dans une licence professionnelle.

    En définitive, la crise provoque inévitablement des zones d’incertitude. La volonté des individus de se former apparaît parfois plus faible et les entreprises sont confrontées à des priorités de survie à très court terme. Mais chacun partage le constat que c’est la classe d’âge en apprentissage qui a le plus besoin de se former pour entrer sur le marché du travail et qui a besoin d’être rémunérée pour accepter de se former, de se former dans les meilleures conditions. Aux jeunes inquiets pour leur avenir de pousser la porte d’un CFA, dans leur propre territoire pour y trouver la formation la plus adaptée à leur potentiel et la plus inscrite dans notre avenir collectif. Leur confiance dans l’apprentissage sera un message fort, à un moment où le gouvernement engage un grand plan de relance économique. Faire revivre des activités ou en susciter de nouvelles passe par un effort de montée en compétences. Les apprentis d’aujourd’hui seront les bâtisseurs de l’économie de demain.

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