Les industries de demain recrutent aujourd'hui

Le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein ? La tendance est aujourd’hui à considérer seulement le premier cas de figure et à ne remarquer que les entreprises en difficulté qui suppriment des postes.

Près de 110000 recrutements devraient avoir lieu d’ici à 2020 dans la filière nucléaire.
Près de 110000 recrutements devraient avoir lieu d’ici à 2020 dans la filière nucléaire.

    Le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein? La tendance est aujourd’hui à considérer seulement le premier cas de figure et à ne remarquer que les entreprises en difficulté qui suppriment des postes.

    Or, les enquêtes statistiques l'attestent : le secteur de l'industrie génère toujours des emplois. « En 2012, le nombre d'emplois créés - environ 65000 dans les entreprises de plus de 10 salariés - a connu une hausse de 30% par rapport à 2011 », souligne même Géraud de Montille, consultant du cabinet France Industrie et Emploi, coauteur avec le cabinet Kurt Salmon d'une étude sur les créations et destructions d'emplois en France parue en mai dernier. « Certains secteurs sont très dynamiques, comme l'aéronautique en Midi-Pyrénées, cite le consultant. La construction navale est aussi en plein boom à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) pour répondre aux commandes de paquebots de croisière. Tandis qu'à Valenciennes (Nord) l'industrie ferroviaire est portée par les projets de TGV et le renouvellement du parc des trains express régionaux. »

    Les métiers de l’énergie ont également le vent en poupe. Près de 110000 recrutements devraient notamment être opérés d’ici à 2020 dans la filière nucléaire. Premier équipementier de cette industrie, le groupe Areva prévoit d’embaucher 1500 personnes par an.

    « Un tiers des postes s'adressent à des ingénieurs et cadres, précise Gaëtan Milin, directeur de l'emploi France d'Areva. Nous recherchons des profils expérimentés ou débutants dans des domaines généralistes, tels que l'électricité, la mécanique, le génie civil… Dix pour cent seulement des recrutements concernent des spécialités nucléaires, comme la radioprotection et la sûreté nucléaire. »

    34 projets innovants et prometteurs ont été identifiés

    Soucieux d’anticiper ce que seront les emplois industriels de demain, le gouvernement a identifié et présenté mi-septembre 34 projets innovants et prometteurs. Parmi eux, la voiture consommant moins de 2 l aux 100 km, l’avion électrique, les satellites à propulsion, la rénovation thermique des bâtiments, les télécommunications, le cloud computing (littéralement « informatique dans le nuage » permettant l’accès à distance à des données et services), etc. Ces 34 plans pourraient, selon une étude du cabinet McKinsey, créer ou sauver 480000 emplois dans les dix prochaines années.

    Entreprise de services numériques, pionnière dans le domaine du cloud computing, Atos a recruté 550 personnes en 2013, dont 75% des jeunes diplômés. « Le cloud est un changement déterminant pour l'avenir de l'informatique, estime Muriel Amar, directrice du recrutement. Et il contribue à transformer en profondeur les métiers. Nos ingénieurs concepteurs, développeurs, architectes et consultants ne sont désormais plus seulement des spécialistes de solutions technologiques. Ils doivent aussi avoir une vision globale des besoins de nos clients pour imaginer de nouvelles architectures. » Loin de se perdre, les métiers de l'industrie se renouvellent.

    « L’alternance, c’est la voie royale »

    L’avis de… GIlles LODOLO, directeur emploi et formation à l'UIMM

    L’emploi dans l’industrie est-il en perte de vitesse ?

    Absolument pas. Avec les annonces de plans sociaux dans les médias, le grand public a du mal à le percevoir, mais les entreprises industrielles continuent d’embaucher. L’Observatoire des métiers de la métallurgie a calculé que celles-ci recruteraient chaque année entre 80000 et 100000 personnes sur la période de 2010 à 2020. Un tiers des recrutements visent à compenser les départs à la retraite, mais le reste correspond à des créations d’emplois du fait du développement de l’activité. Les besoins dans le secteur aéronautique sont particulièrement importants (30000 postes par an), mais l’industrie automobile n’est pas loin derrière (environ 20000 postes). Les grands constructeurs doivent en effet faire face à de nombreux départs à la retraite et aux évolutions technologiques. Quant aux équipementiers et sous-traitants, ils poursuivent aussi leurs embauches pour répondre aux commandes des marques étrangères, notamment allemandes.

    Quels sont les métiers industriels de demain ?

    On estime que 80% des produits que nous utiliserons dans cinq ans ne sont pas encore connus. Aussi, il est difficile de prédire ce que seront les métiers de demain. Ce qui est certain, c’est que les mutations technologiques impactent fortement les professions industrielles. Le métier de chaudronnier par exemple n’a ainsi pas disparu : simplement, il ne consiste plus à travailler seulement l’acier, mais il utilise beaucoup d’autres matériaux et demande des compétences plus larges qu’autrefois.

    Comment convaincre les jeunes d’opter pour un métier technique ?

    Nous menons des opérations de sensibilisation dans les collèges pour montrer aux adolescents que le travail dans l'industrie n'est ni sale ni éreintant et recouvre une palette de métiers très sophistiqués. C'est un travail de longue haleine pour faire changer les mentalités. Nous observons d'ores et déjà une progression des effectifs dans nos centres de formation par l'apprentissage (+ 11% de croissance entre 2010 et 2013). Dans l'industrie, l'alternance est la voie royale vers l'emploi : 85% des apprentis sont embauchés dans les six mois suivant la fin de leur formation.

    Dossier réalisé par Laurence Merland

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