«J'ai 4 côtés égaux deux à deux, mes côtés sont parallèles deux à deux et mes diagonales ne sont pas perpendiculaires... » Cette définition du parallélogramme vous donne des boutons ? Vous n’êtes pas seul. L’allergie à la géométrie est une maladie courante dans l’Hexagone.
Si la France peut se vanter de couver les meilleurs mathématiciens du monde, dont le médaillé Fields 2014 Artur Avila, elle se désole dans le même temps… de fabriquer des générations de nuls en maths revendiqués. Le problème est pris au sérieux : la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a annoncé début décembre, au palais de la Découverte à Paris, une série de mesures pour redorer l'image des maths et relever le niveau des élèves. Les nouvelles technologies pourraient être appelées à la rescousse afin de rendre plus attrayante la géométrie, très présente dans les programmes des années collège.
Des élèves qui n’osent pas donner de réponse
Une bonne idée pour le président de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (APMEP), Bernard Egger. Selon lui, c’est en classe de 4 e que se situe la phase critique, là où le monde des élèves commence à se diviser en deux continents : d’un côté, les élus qui ont la bosse… de l’autre, la masse de ceux qui ne comprennent rien. Et plus les études avancent, plus les rivages s’éloignent.
« Pourtant, au primaire et jusqu’en 5 e, les élèves disent en majorité qu’ils aiment les maths, c’est même leur matière préférée après le sport !
assure Bernard Egger. Ils se montrent à l’aise avec la géométrie parce qu’elle est très intuitive : les enfants décrivent ce qu’ils voient et dessinent des figures. »
Mais voilà, en 4 e déboulent Thalès et Pythagore. La géométrie se fait conceptuelle, invoque des théorèmes et devient démonstrative.
« C’est beaucoup plus formel, et les élèves sont déboussolés parce qu’ils pensaient bien connaître la matière. »
Le blocage est d'autant plus fort que les mathématiques (comme le français) comptent beaucoup dans les bulletins. « Elles déterminent assez largement la suite de la scolarité et l'orientation », relève Michèle Artigue, de l'Institut de recherche sur l'enseignement des mathématiques de Paris. La peur de l'échec, qui empêche les élèves de tenter des réponses, et donc de progresser, est très forte. « C'est en France que le taux de non-réponses aux questionnaires à choix multiples est le plus fort d'Europe », souligne-t-on au ministère de l'Education nationale. Cette inhibition frappe surtout les enfants issus des milieux populaires, et les filles marquées par les stéréotypes selon lesquels la calculatrice et le compas seraient des attributs masculins. Comment rompre la quadrature du cercle ? Par le jeu, répondent les experts. Bernard Egger acquiesse : « Quand on fait faire des exercices à des jeunes sans leur dire que c'est de la géométrie, ils réussissent beaucoup mieux. »
10 mesures - Les annonces de la stratégie du gouvernement
10 mesures annoncées par le Gouvernement pour réconcilier les français avec les mathématiques
Concernant les programmes :
1 - De nouveaux programmes avec des outils modernes et nouvelles approches transversales
2 - Des démarches d'apprentissage enrichies, en prenant appui sur le numérique et le quotidien
3 - Une meilleure prise en compte des recherches et innovations menées en France et à l'Etranger
Concernant les enseignants
4 - Une formation initiale et continue renforcée des enseignants
5 - Une attractivité des concours renforcés (option Mathématiques au Capes)
6 - Des carrières scientifiques encouragées
Une nouvelle image des mathématiques
7 - Apprentissage plus ludique avec le numérique pour motiver les élèves
8 - Un combat contre les stéréotypes sexués : encourager les filles vers les métiers scientifiques
9 - valorisation et le développement des actions mathématiques, périscolaires dès la maternelle
10- Création d'un portail national dédié aux mathématiques.
Renforcer l'attractivité des mathématiques par EducationFrance
Christel Brigaudeau
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