Pourquoi les profs doivent apprendre le code informatique

Pourquoi apprendre le code informatique ? Quel est l’enjeu pour les étudiants ? Le langage informatique est désormais au programme du CP au lycée. Les enseignants s'y mettent, tant bien que mal.

GETTY IMAGES/AFP/ANDREW BURTON (PHOTO D'ILLUSTRATION)
GETTY IMAGES/AFP/ANDREW BURTON (PHOTO D'ILLUSTRATION)

    Vendredi matin, au ministère de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem a appris au milieu d'enfants les rudiments de la programmation informatique... pour lancer la Code Week, une semaine pour propager l'envie de comprendre les dessous des cartes mères et de parler le langage des robots.

    Delphine, institutrice dans une classe de CM2 du centre de la France, aimerait bien être à sa place. Mais c'est toute seule que cette enseignante a découvert les bases qu'elle va devoir transmettre aux 25 élèves de sa classe pour la première fois cette année.

    « J'ai trouvé des modules pas mal sur le site d'une académie », raconte la prof. Avec cela, elle a imaginé pour ses élèves des sessions de vingt minutes, qu'elle mènera une fois par semaine pendant deux mois, après Noël, avec les six tablettes dont dispose son école. « Je ne sais pas du tout si c'est bien ou suffisant, conclut l'enseignante, mais c'est déjà plus que certaines de mes collègues. Le code, c'est un sujet très nouveau et ça fait peur à beaucoup. »

    Depuis cette rentrée, la matière figure dans les programmes officiels, dès le CP.

    Au collège, elle a été glissée dans les cours de maths et de technologie. La plupart des élèves devraient utiliser un logiciel gratuit, appelé

    Scratch

    . Selon les textes officiels, « au CE2, les élèves commencent à produire des algorithmes simples et, en fin de 3e, ils doivent savoir écrire, mettre au point et exécuter un programme », résume-t-on à la direction générale de l'enseignement scolaire.

    Exercice de programmation au brevet

    Au brevet, dès cette année, les jeunes seront confrontés à un exercice de programmation.

    Mais comme la matière est encore très nouvelle, la consigne a officiellement été passée aux jurys qui élaborent les sujets de prévoir pour cette première une question simplifiée, accessible aux débutants.

    « L'école entre progressivement mais de plain-pied dans l'ère du numérique », se réjouit la ministre de l'Education nationale. Pour l'instant, la formation des enseignants ne s'est pas déployée partout. « A Besançon, nous n'avons encore rien vu venir. Et vogue la galère ! » s'exclame cette professeur de maths, connaisseuse du sujet. Dans l'académie voisine de Nancy-Metz, en revanche, « tous les profs de maths des collèges vont suivre d'ici à Noël une journée de formation, dont une partie porte sur les algorithmes », explique Laurent Brault, le directeur de la pédagogie de l'académie.

    Au primaire, en revanche, où la majorité des enseignants sont issus de cursus littéraires plus que scientifiques, les inquiétudes sont vives et les plans de formations, décentralisés, nettement plus flous. Selon les projections du Snuipp, le principal syndicat des professeurs des écoles, « moins de 5 % des enseignants auront bénéficié d'un cours sur le code cette année scolaire ». Comment feront les autres ? « Comme d'habitude, répond sa porte-parole, Francette Popineau. On se débrouillera en demandant à un copain qui s'y connaît de nous montrer. »

    Le mot : code informatique

    « Le code... le Code de la route ? » interroge, interdite, la voix au téléphone du rectorat.

    A l'Education nationale comme ailleurs, les notions de codage informatique et d'algorithmes semblent encore bien étrangères. « C'est pourtant simple : le code, c'est comme une recette de cuisine ! explique Anne Heam, une enseignante de l'Institut de recherche en mathématiques, l'Irem. [...] Programmer, c'est décomposer un problème en une série de tâches. » C'est cette logique, cette « pensée informatique » qui commence à être enseignée dans les classes, avec ou sans ordinateur.

    La plupart des enseignants utilisent, pour faire comprendre le concept aux élèves, un logiciel gratuit appelé Scratch. Il consiste à faire avancer un personnage, un chat roux, en empilant des blocs de lignes de codes toutes faites correspondant à des instructions : « avancer », « reculer », « tourner à 90° ». En faisant danser le petit chat, les enfants, l'air de rien, fabriquent leur premier algorithme.41

    Christel Brigaudeau

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