Simplon.co, l'école du Web des quartiers surfe sur le succès

A Montreuil, Simplon.co, cette entreprise/école solidaire a pour but de rendre le numérique accessible au plus grand nombre. La première promo finit son cursus.

Simplon.co, l'école du Web des quartiers surfe sur le succès

    Ecoles du Numérique. De l’autre côté du périphérique, en Seine-Saint-Denis, Simplon.co propose des formations gratuites de six mois s’adressant aux jeunes des quartiers qui veulent créer leurs applis. La première promo finit son cursus.

    Ce n'est pas le siège de Google mais, niveau ambiance, on s’y croirait. Dans une ancienne friche industrielle, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), geeks — ces accros aux nouvelles technologies — s’activent sur leur ordinateur pour développer leur application sur smartphone ou tablette. Bienvenue à Simplon.co, une entreprise solidaire qui a pour but de rendre le numérique accessible au plus grand nombre. Dans quelques jours, la société va fêter son premier anniversaire et lancer dans la vie numérique ses trente premiers élèves.

    Des antennes dans le 94, en Roumanie, en Afrique du Sud…

    Le concept est simple : offrir une formation accélérée de développeur à des élèves issus des quartiers populaires, dont une grande partie de femmes. La formation est gratuite. Mieux, elle est rémunérée. « C’est une idée dingue que m’ont soumise, en 2013, trois anciens élèves, Andrei, Erwan et Victor, détaille Frédéric Bardeau, 40 ans, l’un des quatre cofondateurs de Simplon.co et professeur au Celsa, une école de communication. J’ai trouvé cela génial. Une banque nous a prêté 60 000 €, un propriétaire qui était d’accord si on refaisait tout à neuf et, après, on est parti à la recherche de partenaires. »

    Et parmi ceux-ci, l'on trouve Microsoft, Samsung, SAP, la région ou encore Orange (lire en fin d'article). Les quatre compères sont également passés par le financement participatif sur Internet, où ils ont pu lever plus de 16 000 € en quarante jours. Afin d'équilibrer les comptes de la petite entreprise, compris entre 600 000 et 700 000 €, Simplon.co propose des formations payantes à des cadres. En octobre 2013, après avoir reçu près de 300 candidatures, trente élèves de dix nationalités différentes, sont recrutés, dont 40 % de filles. La moitié des étudiants viennent de Seine-Saint-Denis. Le succès est tel que la franchise s'exporte partout. Une antenne a été ouverte à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), l'ouverture d'une autre est imminente en Roumanie et deux projets sont en cours dans les townships d'Afrique du Sud et les favelas de Rio, au Brésil. L'entreprise reçoit près de 150 à 200 CV par mois. « Le code (NDLR : qui permet de programmer les ordinateurs) est un langage qu'il faut apprendre, détaille Frédéric. Ici, les stagiaires sont en immersion durant six mois. C'est pour cela qu'ils progressent. L'autre raison est leur motivation car ils ont tous un projet de développement. »

    « Ici, c’est comme une famille »

    Frédéric Bardeau (en bleu), le cofondateur de l’école, est ici entouré de trois élèves, Roxanne (à gauche), Zakk (en rouge) et d’Audrey.

    Audrey, élève à Simplon.co

    ILS ONT ENTRE 22 et 29 ANS et ont des étoiles, ou plutôt des pixels, plein les yeux quand ils évoquent les six mois passés chez Simplon.co. Roxanne la Roumaine, Audrey la Française, toutes deux habitantes de Montreuil, et Zakk l’Algérien, originaire de Clichy-sous-Bois, racontent tous une expérience unique et inattendue. « J’étais en free lance web marketing mais sans réseau, j’avais du mal à travailler, détaille Roxanne, 26 ans. Quand j’ai appris qu’il y avait cette formation et qu’en plus, j’avais le droit à une bourse par Orange, je n’ai pas hésité. » Car Roxanne a un rêve : monter une sorte de réseau social autour du vélo. Une application géolocalisée qui permettrait de savoir qui fait du vélo, où sont les ateliers de réparation, les bons plans… « Ici, on te donne toutes les clés pour réussir car, en plus des formateurs, chaque élève essaie de t’aider quand tu es bloqué », s’enthousiasme-t-elle.

    Une antenne en Roumanie

    . La jeune femme est tellement convaincue par l’aventure qu’elle va ouvrir une antenne en Roumanie. Un investissement sans compter qui est pour beaucoup dans le succès de l’entreprise. « Officiellement, on est là de 9 heures à 17 heures, mais officieusement, c’est plutôt 70 heures par semaine, renchérit Audrey, elle aussi titulaire d’une bourse Orange. Nos amis, on a fini par les recevoir dans l’école car nous ne sommes quasiment jamais chez nous. » A 29 ans, cette ancienne infographiste qui ne connaissait rien aux langages informatiques a une idée très précise : créer un réseau d’aide entre handicapés. « Mon frère est paraplégique et je suis effarée par les obstacles qu’il doit affronter au quotidien », lâche-t-elle. Elle lance donc I wheel share, une plate-forme d’expression pour les handicapés. Elle vient de remporter un prix d’entrepreneuriat féminin et doit maintenant monter sa société pour toucher la prime. « Tout ça, c’est grâce à Simplon car jamais je n’aurais imaginé créer une entreprise, souligne-t-elle. Cette école, c’est un peu comme une famille. »

    Zakk, 22 ans, a découvert l’école grâce à la mission locale de Clichy. Son but est d’ouvrir une antenne en Algérie.

    « On travaille en binômes, ce qui fait qu’on est toujours dans l’échange et dans le concret, insiste-t-il. Et puis, c’est aussi un lieu de vie. Cet hiver, on a eu une panne de chauffage pendant plusieurs jours. On s’est tous retrouvés autour du poêle pour travailler. C’était vraiment une ambiance fantastique. » En attendant d’exporter la franchise, pour se faire la main, il enseigne à des enfants le mercredi et le samedi.

    Orange finance à hauteur de 90 000 €

    L'opérateur historique Orange a été rapidement séduit par le projet Simplon. « On a beaucoup aimé son originalité et notamment son approche par rapport aux femmes qui sont si peu représentées dans ces métiers, analyse Brigitte Dumont, directrice de la responsabilité sociale chez Orange. C'est aussi un moyen pour nous de participer à la réduction de la fracture numérique. » Sur les 90 000 € investis, 50 000 € vont servir à financer cinq bourses de femmes et les 40 000 € restants iront dans le fonctionnement de l'école. Mais le soutien d'Orange ne se limite pas à un apport financier. « Nous mettons aussi les élèves en relation avec nos développeurs, nos spécialistes du marketing… afin de les aider à finaliser leurs applications. Et pourquoi pas trouver des sources de recrutement. »

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    Sébastien Thomas

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