Triche au Bac : le plagiat, nouvelle plaie des examens

Selon les derniers chiffres sur la triche au bac, que nous dévoilons, les élèves sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à recopier des documents issus d’Internet sur leur copie.

Triche au Bac : le plagiat, nouvelle plaie des examens

    Il se glisse régulièrement dans le monde littéraire, squatte les pupitres des politiques… Dans moins de deux mois, à l’heure de décacheter les enveloppes contenant les sujets 2015 du baccalauréat, il prendra aussi place parmi les lycéens, dans les centres d’examens. Le plagiat est partout !

    Selon des chiffres du ministère de l'Education nationale, que nous révélons, le nombre de copies falsifiées (à partir, par exemple, de documents enregistrés sur une calculatrice programmable) au bac a bondi de 5,3 points entre 2013 et 2014. Les dossiers d'épreuves pratiques, que les élèves préparent tout au long de l'année en 1 re ou en terminale, s'enrichissent eux aussi d'emprunts directement pompés sur le Web. « Les professeurs perçoivent à la lecture de travaux personnels encadrés que tel passage n'est pas la production de l'élève. Ils tapent quelques mots sur le Net, et ça apparaît », explique Vincent Goudet, le directeur du service interacadémique des examens et concours (Siec). Ce centre, qui gère les examens et les concours de l'Ile-de-France, a constaté une explosion du plagiat entre 2013 et 2014 (+ 104,35 %), bien que leur nombre reste modeste (de 23 à 47, soit un quart des tricheries récences l'an passé dans cette académie).

    Le copier-coller devient une pratique tellement ancrée...

    Qu’il s’agisse de jeter un œil discret sur son smartphone pendant l’épreuve (la majorité des cas)

    , de dissimuler des antisèches dans ses poches ou de truffer sa calculatrice de formules et de verbes irréguliers, la triche dans son ensemble se porte bien. Plus inquiétante peut-être, la pratique du copier-coller est tellement ancrée certains élèves ne perçoivent même plus la limite entre documentation… et pillage intellectuel. « Cela devient mécanique d’aller sur Internet, même avant de réfléchir à la question », constate Christophe Michaut, enseignant-chercheur nantais spécialiste des sciences de l’éducation. Dans son étude sur « les Nouveaux Outils de la tricherie scolaire au lycée », il a dressé le portrait-robot du tricheur 2.0 : il s’agit plutôt d’un garçon, scolarisé en lycée général ou technologique, inscrit dans des filières scientifiques ou commerciales. Selon son enquête, près de 75 % des lycéens ont déjà eu recours au copier-coller, et 58 % ont avoué avoir triché d’une manière ou d’une autre pour un devoir sur table.

    Les principales fraudes au Bac

    « Trop facile »

    Stéphanie*, ex-lycéenne à Chennevières (Val-de-Marne)

    « LE COPIER-COLLER, tout le monde en fait ! » s’exclame Samy*. « Mais il y a copier-coller et copier-coller… » Ce terminale ES de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) résume la pensée de nombreux élèves. La frontière entre plagiat et documentation est pour eux très mince… et la ligne rouge de la fraude de moins en moins dissuasive, même au bac. « C’est trop facile de tricher ! s’exclame Stéphanie. Cette ex-lycéenne à Chennevières (Val-de-Marne) se souvient qu’« il y avait un complice qui demandait à aller aux toilettes, ce qui laissait le champ libre. On nous disait de mettre nos portables dans nos sacs, mais certaines filles dissimulaient le leur dans leur soutien-gorge ou dans une écharpe». Mamadou, pour son bac, il y a deux ans, avait, lui, photographié ses cours de maths pour les enregistrer dans sa calculatrice. « C’est une pratique courante, explique Sonny Phung, élève de terminale et porte-parole du syndicat lycéen FIDL. Certains profs nous recommandent même d’enregistrer quelques formules de maths. »

    Annabelle, 18 ans, ancienne lycéenne de Montreuil (Seine-Saint-Denis), avoue avoir « échangé des brouillons avec des copains ». « On demandait à quelqu’un de poser des questions au surveillant, précise-t-elle, et, pendant ce temps-là, on faisait ce qu’on voulait. On ne s’est jamais fait repérer ! » « Mais la triche a ses limites, relativise Peters, étudiant de 23 ans. Si on n’a pas la méthodologie et un peu de contenu, ça n’est pas ça qui va nous faire réussir. »

    Le petit coup de pouce du Web fait surtout gagner du temps. Il est beaucoup utilisé pour les TPE, ces travaux personnels encadrés que les lycéens doivent rendre en 1 re et dont la note compte pour le bac. Là, les emprunts sont légion. La force de l’habitude… « Pour faire un devoir d’économie ou de philosophie, je commence par taper l’intitulé de la dissertation sur Google, explique Samy. Je prends des idées ici et là, mais en reformulant et en citant des auteurs. J’exerce mon esprit critique, quoi ! » Tous ne sont pas si finauds.

    Dans le lycée de Natacha, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), une jeune fille a écopé d’une bulle au bac blanc de philosophie pour avoir plagié le plan d’une dissertation chipé pendant l’épreuve grâce à son smartphone. Dans le lycée de Samy, un élève s’est aussi fait pincer pour son TPE trop inspiré d’autres travaux. « Les profs ne sont pas bêtes, explique-t-il. Ceux qui abusent du copier-coller se font piéger à l’oral. Ça ne trompe pas. »

    A l’université, beaucoup d’établissements se sont dotés de logiciels antiplagiat.

    « Tous les devoirs rendus sous forme numérique sont passés au crible, nos étudiants le savent et on a moins de problèmes que par le passé, constate Delphine, professeur dans un IUT de la région parisienne. Mais on a déjà reçu des documents composés à 80 % d’un plagiat. » Il s’agissait de rapports de stage. L’élève s’était contenté de changer le nom de l’entreprise.

    * Tous les prénoms ont été changés.

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