Université : un boîtier pour lutter contre l'échec en licence

Réponse A, B ou C ? Un boîtier antidécrochage est testé dans différentes facs de France pour mieux impliquer, motive et évaluer les étudiants.

Cours de biochimie avec boîtier pour des QCM à l'Université de Créteil (LP/ Agnès Vives)
Cours de biochimie avec boîtier pour des QCM à l'Université de Créteil (LP/ Agnès Vives)

    Pour lutter contre l’échec des étudiants en première année, l’université Paris-Est-Créteil les motive et vérifie leurs connaissances en direct dans les amphis à l’aide de questionnaires électroniques.

    Réponse A, B ou C ?

    Les étudiants tapent leur réponse à la question que leur pose leur enseignant sur le boîtier en forme de télécommande, et savent tout de suite s’ils ont vu juste ou non.

    Avec leur petit boîtier posé sur les pupitres, on pourrait prendre ces étudiants pour des candidats à un jeu télévisé. Nous sommes pourtant dans le très sérieux amphi des sciences et technologie de l’université Paris-Est-Créteil (Val-de-Marne), et ce n’est pas un présentateur qui pose les questions, mais un prof.

    Ici, le jeu devient apprentissage

    C’est l’un des stratagèmes destinés à lutter contre le décrochage et l’échec des étudiants en première année, mis en place depuis un mois dans cette fac de 30 000 élèves. Ce mardi, 13 h 15, les étudiants en première année de licence de sciences et technologies de la santé et du social (ST2S), option sciences physiques, descendent des gradins les uns après les autres pour récupérer un boîtier. Pendant ce temps, l’enseignant, Christophe Monin, fait ses réglages. Le tableau de projection s’anime. Le prof veut vérifier si les élèves ont révisé.

    Des questions en direct aux étudiants

    Première question

    , il faut reconnaître le carbone n° 1. Réponse A, B, ou C ? Murmures dans l’amphi, bras tendus, en direction du tableau, les élèves échangent. « C’est C ou A ? » souffle un étudiant à son voisin. Sans hésiter, Aurélie tape sa réponse. Les résultats apparaissent : ils sont 52 % à donner la bonne réponse.

    Deuxième question, un piège.

    Les élèves tombent dedans. « Cela montre que vous ne savez pas reconnaître vos formules. »

    Christophe Monin reprend alors ses explications, bien loin du classique cours magistral en amphi où le prof livrait son enseignement sans s’interrompre.

    « Si on n’adapte pas nos manières d’enseigner, on court à notre perte, assure le maître de conférences et président de l’association Promosciences. Les élèves changent. Les pratiques aussi. »

    Strasbourg, Nice ou encore Nantes adoptent aussi ce type de dispositif. « L’enjeu est de réduire l’échec des élèves dès la première année, insiste le président de l’université de Créteil, Luc Hittinger. En se testant en direct, les élèves peuvent aussi mieux se positionner. »

    Outil pédagogique et d'évaluation

    Les QCM sont utilisés à intervalles réguliers. « Cela rythme le cours et permet de relancer l’attention », souligne Christophe Monin, qui utilise aussi les boîtiers pour des évaluations en travaux dirigés.

    D’abord « étonnés », parfois « perturbés »

    , les étudiants de Créteil apprécient finalement ce système. « Ça fait passer le cours plus vite, sourit Morgane, 21 ans. On participe davantage et c’est moderne. » « Ça fait penser à l’auto-école », s’amuse Farooqi, 24 ans. Plus loin, Julia et Dounia sont tout aussi enthousiastes. « Ça aide à savoir si on a bien compris ou non », souligne Julia, 20 ans. « C’est pratique pour ceux qui n’osent pas poser des questions, parce qu’en amphi, c’est pas facile », ajoute sa copine. Une évaluation du dispositif est prévue en fin d’année.

    L’obstacle de la première année à la fac...

    Un étudiant sur deux seulement passe directement en 2e année de licence, selon une étude du ministère de l’Enseignement supérieur (2013). Un quart des inscrits redouble et un autre quart se réoriente ou abandonne ses études. C’est un taux d’échec élevé alors que les facs connaissent un boom des inscriptions depuis trois ans.

    Une mauvaise orientation mais aussi des difficultés à s’adapter à un contexte très différent

    du lycée expliquent ces échecs.

    Les filières sciences économiques et sciences fondamentales et applications enregistrent les meilleurs taux de passage en 2e année.

    Agnès Vives

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