La mort n’existait pas dans mon paysage d’enfant. Puis un jour, sans que l’on m’ait crié gare, je me suis retrouvée devant un corps mort. Celui de ma grand-mère. J’ai été saisie et ma gorge s’est immédiatement nouée. Un effroi a envahi mon être. Les larmes ont jailli, sans crier gare elles non plus. Je ne pleurais pas de tristesse. Je pleurais ma peur de mourir. Ma mère, elle, ne disait rien.
Et après ? Rien. Toujours pas un mot.
Ce silence m’a forcée à enfouir ma peur pour continuer à vivre.
Avec ce spectacle, je voudrais questionner ce réflexe d’enfouissement, qui n’appartient pas à ma mère, mais plutôt à notre société contemporaine occidentale.
Est-il possible d’apprendre à mourir ?
Jean-Claude Ameisen, chercheur en biologie, a travaillé sur un phénomène qui s’appelle l’apoptose ou encore, la mort programmée cellulaire. Il explique que dès les premiers jours qui suivent notre conception, la mort cellulaire joue un rôle essentiel dans la sculpture de nos métamorphoses successives. Nous commençons donc à mourir dès notre naissance. Chaque jour, plusieurs dizaines de milliards de nos cellules s’autodétruisent, et sont remplacées par des cellules nouvelles. Et nous sommes, à tout moment, pour partie en train de mourir et pour partie en train de renaître.
Dans la société cellulaire, la vie semble nécessiter la présence continuelle des autres et ne pouvoir être conçue que comme un événement collectif. Le destin de chaque cellule dépend en permanence de la nature des liens provisoires qu’elle a tissés avec son environnement.
A l’instar des cellules qui nous composent, Céline fait face à son besoin des autres au moment où elle sent qu’elle va devoir partir. Elle a peur mais va chercher des moyens d’apprivoiser ce qui l’étouffe depuis trop longtemps. Son ostéopathe lui a dit qu’à force de silence, un nœud s’est créé dans sa gorge et l’empêche de chanter. Alors elle parle.
Mais petit à petit la parole se fait plus rare. L’oubli commence son travail et quelque chose déraille. J’imagine le spectacle comme une tentative d’étirer le temps. Une performance dans laquelle l’actrice devra se dépouiller, se ralentir, oublier de parler, vieillir et s’endormir.
Infos pratiques
Mercredi 9 novembre à 20h et jeudi 10 novembre à 21h
20€ – réduit 14€ – adhérent 10€
01 41 33 93 70