Depuis plusieurs années, avec patience et minutie, l'artiste suédois vient encrypter sur la toile ou graver sur verre des narrations dédaléennes où s'entremêlent histoire de l'art, ésotérisme, mythologie et psyché humaine. « Je veux contrôler l'histoire racontée par le motif. Les symboles liés entre eux approfondissent le niveau de récit du tableau, certains pans de l'histoire sont ainsi volontairement cachés » explique t-il. Les modèles, engoncés dans le tissu, trahissent le sous-texte enfoui dans le sujet, un niveau de lecture plus obscur comme dans ces anciennes fables qui laissent entendre plusieurs morales. L'interprétation, volontairement ouverte, dépend ainsi du degré d'implication du spectateur. Va t-il rester à la surface, happé par la séduction formelle et esthétique de l'œuvre ? Ou va t-il tirer le fil de la toile absconse tissée par l'artiste, tombant de plus en plus bas, creusant de plus en plus loin dans les méandres du rêve ?
Markus Åkesson convoque dans ses œuvres récentes les figures artistiques d'Albrecht Dürer, dont il cite L'Apocalypse (1496-1498) puis La sorcière (ca. 1500), et de Sir Lawrence Alma-Tadema, à qui il emprunte ses Roses d'Héliogabale (1888). Parce que ces derniers ont constellé ces travaux de détails mystérieux qui lui-même l'intriguent en tant qu'artiste, Åkesson va régler son propre pas dans le pas de ses pairs. Et à une question d'ordre visuel, il va tenter de répondre dans la même langue, plastique. Ces sources d'inspiration révèlent la persistance d'une fascination pour l'étrange, ou plutôt pour l'inquiétante étrangeté. L'Histoire Auguste rapporte qu'Héliogabale, sulfureux empereur romain au règne aussi court que décadent, aurait organisé des banquets orgiaques au cours desquels des monceaux de fleurs étaient déversés brusquement sur les convives, dans des quantités telles que certains d'entre eux finissaient asphyxiés. Dans le tableau d'Alma-Tadema comme dans les hommages qu'Åkesson lui rend, l'excès de beauté et de raffinement fait s'étirer l'œuvre sur les rives du cauchemar. Après tout les figures åkessonniennes ne suffoquent-elles pas sous le poids de l'iconographie luxueuse qui les camoufle ?
Vernissage le 3 décembre 2022, de 14h à 19h
Infos pratiques
14h - 19h
Gratuit
0143294864